Numéro 186

Avril 2017

Tome XLVII

MODERNS, ANTIENTS... ET ALENTOURS

SOMMAIRE

EDITO

Tricentenaire oblige, ce numéro 186 de Renaissance Traditionnelle est encore consacré à la franc-maçonnerie britannique au XVIIIe siècle.

Paul Paoloni nous propose d’abord un véritable outil pour l’historien – fut-il amateur ! – avec un remarquable guide des sources sur la Maçonnerie britannique des origines à 1760. Il reprend ainsi l’essentiel du corpus documentaire sur lequel s’est construite l’histoire « authentique » des premières décennies de la franc-maçonnerie. Les documents qui, année après année, informent sur les usages des Loges sont présentés et remis dans leur contexte. L’auteur est d’ailleurs parfois conduit à faire état de réévaluations récentes, par exemple quant à la datation d’un manuscrit ou à son attribution. Il souligne aussi les nombreux échos entre documents britanniques et continentaux. Ces derniers – comme dans l’affaire de l’Écossais des 3 JJJ – témoignant parfois d’usages directement importés de Grande-Bretagne mais dont les seules traces subsistantes se trouvent aujourd’hui dans les archives maçonniques françaises. Le grand mérite de cette approche est de nous remettre les idées en place sur un sujet complexe. En associant ainsi les étapes de l’histoire aux documents qui les éclairent, on identifie mieux les points bien établis, les questions encore en discussion ou les zones toujours dans l’ombre.

Après la belle étude de Jean-François Var dans notre numéro 184, Roger Dachez revient sur la question des « Antients ». C’est justement pour nous présenter les dernières contributions des historiens d’outre-Manche sur ce sujet central de l’histoire maçonnique britannique du XVIIIe siècle. Il y a maintenant plus d’un demi-siècle, notre fondateur René Désaguliers, avait été un des premiers à promouvoir en France les travaux d’Henry Sadler qui montraient que la Grande Loge des « Antients » n’était pas un schisme, comme on l’avait longtemps affirmé, mais une création sous influence irlandaise. Sadler est à l’origine de la « théorie classique » sur les Antients et il faut redire la véritable révolution historiographique qu’a constituée la publication de son étude en… 1887. Mais le propre d’une approche scientifique est aussi de remettre en cause les conceptions les plus établies. Plusieurs chercheurs ont récemment nuancé l’analyse de Sadler et, s’appuyant sur leurs travaux, Roger Dachez nous montre que, en fin de compte, Moderns et Antients avaient sans doute plus de points communs qu’on ne l’imaginait.

Cette livraison s’achève sur un document inouï. Les « extraits du journal d’un voyageur » qui nous relate ses conversations avec les « Maçons fort instruits » qu’il a pu rencontrer à Londres, Édimbourg et Dublin. Outre les informations que ne manqueront pas d’exploiter les historiens, le document a la saveur du témoignage et nos lecteurs auront l’impression d’accompagner ce Frère du XVIIIe siècle dans ses rencontres et ses découvertes.

Pierre Mollier

EXTRAITS