Numéro 189

Janvier 2018

Tome XLVIII

ENCORE RAMSAY !

SOMMAIRE

  • Pierre Mollier - Avant-propos, p. 1
  • Bernard Homery - Une bien curieuse histoire : Sir Robert Erskine et le « Mot du Maçon » sur le continent en 1715, p. 2
  • Aymeric Le Delliou - L’entourage spirituel de Ramsay en France : du « Pur Amour » de Fénelon et Mme Guyon à la « Fraternité universelle », p. 32
  • Samuel Macaigne - Les Voyages de Cyrus du Chevalier de Ramsay, entre roman spirituel et conte philosophique, p. 44
  • Reinhard Markner - Les conversations entre Anton von Geusau et Ramsay : ​recherches sur l’original de son journal de voyage, p. 54
  • Paul Paoloni - Séjour de Paris, c’est-à-dire Instructions fidèles pour les Voyageurs de Condition..., p. 62
  • Errata du numéro 187-188, p. 72

Portrait – imaginaire – de Ramsay. On présente souvent cette estampe comme un portrait de Ramsay. En réalité on ne connaît aucune image le représentant. L’autre portrait qui lui est parfois attribué est en fait celui de son homonyme, le poète Allan Ramsay. Quant à cette image, associée à Ramsay pour la première fois en 1921 par Arthur Waite dans son New Encyclopaedia of Freemasonry, elle est tout simplement inspirée de la planche qui illustre l’ordre de Saint-Lazare dans le traité sur les ordres de chevalerie du père Hélyot (1721).

EDITO

Ce numéro 189 de Renaissance Traditionnelle, qui inaugure 2018, est entièrement consacré à l'atmosphère intellectuelle dans laquelle ont baigné les premières années de la franc-maçonnerie.

Bernard Homery nous présente d'abord une des découvertes récentes de l'érudition maçonnique d'outre-Manche exposée, notamment, dans le beau livre de Robert Collis The Petrine Instauration, Religion, Esotericism and Science at the Court of Peter the Great, 1689-1725. Fort loin des îles britanniques, en Russie, dès 1715 – et donc bien avant l'arrivée « officielle » de la franc-maçonnerie spéculative sur le continent – il existe un témoignage avec une référence explicite au « Mot du Maçon ». Il s'agit certes d'une correspondance entre Écossais, mais c'est tout de même un fait notable. Il y aurait d'ailleurs un dossier à constituer sur la présence de Maçons dans les différents pays d'Europe continentale – France, Allemagne, Russie... – avant même l'implantation de la franc-maçonnerie. Peut-être certains d'entre eux furent-ils amenés à évoquer l'Ordre à l'occasion de telle ou telle conversation ? L'un des premiers de la liste serait l'illustre Robert Moray. Mais Bernard Homery nous restitue surtout le paysage intellectuel dans lequel s'inscrit l'auteur de cette référence au « Mot du Maçon » et – comme Moray, comme Ashmole – il apparaît que Robert Erskine cultive un grand intérêt pour l'hermétisme.

« Encore Ramsay ! » Il ne faut cesser d'interroger le Discours fondateur de notre cher Écossais. Aymeric Le Delliou nous retrace d'abord l'itinéraire intellectuel et spirituel du Chevalier. Il nous montre combien nombre de ses idées peuvent être reliées aux débats théologiques de son époque, à la grande affaire du quiétisme et à son compagnonnage avec Fénelon et Madame Guyon. Même si, par la suite, Ramsay développera une pensée plus personnelle... et parfois singulière au regard des conceptions classiques du christianisme. D'un certain point de vue, Les Voyages de Cyrus sont incontestablement un roman d'initiation. De là à y voir un conte maçonnique... il n'y a que trois petits pas qu'il est risqué de franchir. Néanmoins, l'homme est un, et il est légitime d'envisager que les idées développées dans le roman en 1727, aient pu, quelques années plus tard, se retrouver, sous une autre forme, dans le Discours de 1736. C'est pourquoi Samuel Macaigne nous propose une féconde analyse de ce qui fut un des best-sellers du Siècle des Lumières. On sait que le témoignage le plus curieux sur Ramsay, et le plus intéressant quant à ses liens avec la franc-maçonnerie, est celui de Geusau, intellectuel allemand en voyage à Paris au début des années 1740. Reinhard Markner nous rappelle l'histoire du Journal de Geusau et, revenant au manuscrit lui-même, nous procure une édition de cet important témoignage au plus près du texte original. Enfin, prenant prétexte du séjour parisien de Geusau et de son élève, Paul Paoloni nous présente ce Paris de la première moitié du XVIIIe siècle, qui vit s'épanouir la franc-maçonnerie, tel que décrit par un des grands guides utilisés par les voyageurs « de condition», et justement rédigé par un autre intellectuel allemand – Joachim Christoph Nemeitz - de la même trempe que Geusau.

Le premier numéro d'une année est aussi l'occasion de rappeler que Renaissance Traditionnelle ne vit que du soutien – fidèle ! – de ses lecteurs... et une invitation – chers amis – à renouveler votre abonnement.

Pierre Mollier

EXTRAITS