Numéro 1

Au moment où la pensée occidentale traverse la plus grave crise depuis celle des Universaux, où d’éminents esprits contestent jusqu’à l’existence même d’une Tradition, il nous paraît opportun de témoigner de la vitalité de cette tradition en tâchant d’en approfondir les principaux domaines.

C’est pourquoi notre revue se veut traditionnelle, sans que ce terme revête le moins du monde un sens péjoratif de refus de l’évolution, rétrograde ou réactionnaire. Loin de nous cette caricature de tradition figée dans un passéisme douloureusement crispé. La Tradition doit être perçue comme réalité vivante, à tout moment naissante et renaissante. S’il y a volonté de restauration de notre part, c’est bien des valeurs essentielles et fondamentales d’un Occident qui oublie volontiers ce qu’il fut et ce qu’il a mission de véhiculer afin de le transmettre à ceux qui viendront. A cet effet, nous nous efforcerons d’éclairer, d’expliciter, par une recherche incessante, les organisations qui ont eu la mission historique de transmettre le message traditionnel, à savoir la Franc-Maçonnerie opérative et spéculative, le compagnonnage, les ordres chevaleresques, tels ou tels groupes des églises constituées ; tant il est vrai que la vie des uns et des autres, quels qu’aient été les accidents de l’Histoire, s’est déroulée, se déroule encore de manière concomitante avec, ici et là, des contacts, des rencontres, des fascinations réciproques, ô combien utiles et fécondes.

N’écartant aucune hardiesse de pensée, ne rejetant gloses, commentaires et mises au point par nul présupposé philosophique ou religieux, nous nous garderons toutefois de deux écueils qui ont, à notre avis, gravement dénaturé la recherche traditionnelle depuis plus d’un siècle, un rationalisme agressif et stérilisant d’une part, un occultisme confusionnel tout aussi désastreux d’autre part. Puissions-nous réussir à unir enthousiasme de cœur et rigueur de pensée, honnêteté intellectuelle et dynamisme de l’intuition créatrice.

En ces temps où la Tradition, la notion même de Sacré, sont aisément vouées au bûcher, nous voulons être quelques-uns à voir s’envoler d’entre les flammes, redivivus, « le Phénix ce bûcher qui soi-même s’engendre », comme l’évoquait Appolinaire, nous souvenant de la si belle, si pénétrante devise Perit ut Vivat !

En toute fraternité, nous convions donc adeptes et chercheurs à notre quête, afin de vivre ensemble une véritable Renaissance traditionnelle.

Jean-Pierre CRYSTAL

• Notes sur le serment maçonnique du premier grade, par René Désaguliers

• Pour l'étude d'une Maçonnerie méconnue, par Roland Renais